PARCOURS

Photographies de Régis COLIN

Parc du château des Ravalet (Cherbourg en Cotentin - Manche)
du 2 mars au 28 avril 2024

Pourquoi cette exposition ?

PARCOURS est le fruit d’une idée qui a germé dans la tête de Régis et qui n’a pas eu le temps de voir le jour.

L’association 3 P’tits Points, avec l’aide de sa famille et de ses amis proches, a souhaité faire aboutir ce projet et rendre hommage à son œuvre.

PARCOURS est le reflet de ces multiples rencontres échelonnées sur une trentaine d’années photographiques et suscitées par sa curiosité envers ses contemporains.

S’il existe un fil conducteur dans cette exposition, il reflète le respect d’autrui, l’attention portée à chaque individu photographié dans l’esprit qui a animé les initiateurs des Droits de l’Homme.

« Cela pourrait commencer comme la chanson de Léo Ferré « Avant de passer l’arme à gauche, avant que la faux ne me fauche tel jour telle heure, en telle année, je laisse ici l’inventaire » et lui dit « de ce que j’ai mis de côté ».
Moi je dirais plutôt « De ceux que j’ai rencontrés » - Régis Colin

Plan de “PARCOURS”

Légendes des photos de PARCOURS

1 - Raymond - Aurigny - 2012
2 - Haot Vouet - Omonville la Rogue - années 90
3 - Haot Vouet - Omonville la Rogue - années 90
4 - Rayon vert - Barfleur - années 90
5 - Charles Marie - Granville - années 90
6 - Henry Boughton Leigh et son chien, Fidget - Aurigny - 2012
7 - Criée de Granville - années 90
8 - Jean Renet - St Vaast-la-Hougue - années 90

9 - Yugi - charpentier de marine - entreprise Icaraï - Le Mesnil au Val - 2012
10a - Jacques - charpentier de marine - chantier Bernard - Saint Vaast la Hougue - 2012
10b - Laura - ouvrière ostréicole - entreprise Hélie - Saint Vaast la Hougue - 2012
11a - Aurélie - ouvrière en maraîchage - entreprise Gosselin - Réville - 2012
11b - Bénédicte - ouvrière du livre - La Presse de la Manche - Cherbourg - 2012
12a - Dominique - anodiseur - entreprise RDM Sparcrafy - Saint Vaast la Hougue - 2012
12b - Stéphane et Saoud - bancheurs - entreprise Eiffage - Cherbourg - 2012
23a - Jules - Radioprotection - Comex nucléaire - Flamanville - 2012
13b - Isabelle - soudeuse - entreprise Naudin - Equeudreville - 2012
14 - Mineur de charbon - Angleterre - 1995
15 - Pêcheurs de charbon - Lynemouth - Ecosse - 1984
16 - Mine Empetrila Petrosani - Roumanie - 1994

17 - Un autre regard - ateliers ACAIS de la Glacerie - 2013

18a - Quartier Amont Quentin - Octeville - 2007
18b - Quartier Amont Quentin - Octeville - 2007
19a - Quartier Amont Quentin - Octeville - 2007
19b - Quartier Amont Quentin - Octeville - 2007

20 - Vétérans : les copains de 44
en haut à gauche : Syd BENGREE - Royal Navy / Lower Hutt - Nouvelle Zélande - 2004
en bas à gauche : William “Bill” MACGREGOR - Royal Navy / Ryde - Australie - 2004
en bas à droite : Jack “de Neef” de MOS - Royal Navy / Hoek - Hollande - 2004

21 - Tsigane - Appleby, Angleterre - 1984
22 - Tsiganes - Angleterre - 1984
23 - Tsigane - Roumanie - 1992
24 - Tsigane - Timisoara, Roumanie - 1992
25 - Roms Kalderas - Corund, Roumanie - 1992
26 - Mikel Darling - Appleby, Angleterre - 1984

27 - Liz Latham - Aurigny - 2012
28 - Krys Page - Café ambulant - Aurigny - 2012
29 - Pub - Aurigny - 2012

30 - Autoportrait - 1994

Thèmes de PARCOURS

PECHEURS

Photos n°1 à 8 du plan de PARCOURS (Manche & Aurigny)

“Pour les terriens, la pêche ce sont les bateaux à quai. Quelques fois la débarque du poisson. Puis le bateau quitte le port et l’imagination doit prendre la relève…
Durant les hivers 95 et 96, j’ai effectué une trentaine d’embarquements pour des marées de douze heures à une semaine sur des caseyeurs, chalutiers, cordiers de Granville à Honfleur. Coup d’œil privilégié du photographe invité à partager le quotidien des pêcheurs pour ramener des images de derrière l’horizon.

Si je me suis imposé leurs horaires de travail, je ne portais que deux appareils photos alors qu’eux manipulaient des tonnes de matériel. De retour au port, souvent épuisé, je trouvais le sommeil réparateur alors que les hommes de la mer assuraient la débarque du poisson et repartaient en mer après seulement quelques heures en famille. Images d’un métier d’amour et de tradition, de bonnes marées et d’interminables heures qui ne paient pas même les frais. Images d’hommes rudes à la tâche, imperméables à la fatigue et qui, sous une apparence souvent bourrue, sont riches de sensibilité, de patience et de chaleur qu’ils ont manifestées tout au long de ma présence à bord. Merci pour cette belle expérience humaine”.
- Régis Colin

Photo n°23 du plan de PARCOURS (Lynemouth, en Ecosse)

Le complexe minier sous marin de Lynemouth, en Ecosse rejette les déchets d’extraction en mer : roches et charbon qui y est collé. Dans son brassage perpétuel, la mer sépare le charbon de la roche. De plus faible densité, celui-ci est poussé à la côte par les vents d’Est. Lors des fortes tempêtes, la plage peut être couverte d’une épaisse couche cette énergie fossile et chaque ramasseur en remonte plusieurs tonnes durant la même marée. C’est alors un ballet aller-retour entre les vagues et les campements.

OUVRIERS

Photos n°9 à 16 du plan de PARCOURS

Livre disponible (contacter asso.3ptitspoints@gmail.com)

Aujourd’hui, le monde ouvrier est dévalorisé, les travailleurs manuels déconsidérés. A l’heure où les plans sociaux et les délocalisations se multiplient, Régis Colin redonne leurs lettres de noblesse aux “mains d’or”.

Ses photos, prises en 2012 et au fil de ses reportages antérieurs, sont une tribune offerte à ces femmes et ces hommes fiers d’exercer des métiers indispensables à notre société.

Témoignage des temps modernes, l’ouvrage OUVRIERS regroupe une centaine de portraits, autant de talents qui font la richesse du monde d’aujourd’hui. Mais qu’en sera-t-il demain ?

Régis Colin est un impressionniste. Ses “Paysages Humains” vous transportent au cœur de la vie ouvrière.

“La fierté de l’œuvre bien faite n’a pas de prix !

… Il y a beaucoup à dire sur la défection des jeunes pour le travail manuel. Ce sont des métiers physiquement durs, c’est vrai, mais quand tu écoutes les médias ou regarde les séries télévisées, tu entends parler de l’usine ?
Ou tu vois les acteurs aller à l’atelier ? Tu passes le même temps à l’école, entre cours et formation, qu’un autre qui fait BAC+2 dans le domaine administratif et au bout du compte tu te retrouves avec une fiche de paie qui annonce moins 1000 euros que la sienne. Alors, on ne nous fera pas croire que le travail manuel n’est pas dévalorisé.

… Je n’ai pas honte d’avoir les mains sales, et je suis fier de mon métier. Seulement, je ne vois pas bien comment il va évoluer… Avant, tu fabriquais ta pièce d’un bout à l’autre. Maintenant, tout est morcelé. Dans les grosses entreprises, tu tombes devant un problème technique que tu peux facilement résoudre grâce à ton expérience, et bien tu n’as pas le droit à l’initiative. Tu dois en référer au chef d’atelier, qui en réfère au préparateur, qui en réfère à son tour au bureau d’étude qui te dit de faire ce que tu avais déjà imaginé toi-même. Et pourtant, dans cette entreprise, certaines des réalisations les plus délicates ont été imaginées, dessinées, solutionnées craie à la main sur un bout de tôle dans l’atelier !

…Tout devient aseptisé. Ça tue l’amour du travail. A croire que nous sommes devenus des ouvriers lobotomisés!
Il n’y a plus de libertés. Je revendique le plaisir d’imaginer”.

Bernard, chaudronnier (32 ans d’expérience).

UN AUTRE REGARD

Photo n°17 du plan de PARCOURS

A l’invitation de l’association ACAIS, Régis Colin est allé dans les ateliers de la Glacerie pour proposer ces portraits de travailleurs handicapés, captés, comme à son habitude, avec respect et humilité, sans voyeurisme.

Il nous propose de porter « Un Autre Regard » sur ce monde si mal connu des ateliers protégés et de ses travailleurs. Et nous interroge sur le regard qu’ils portent sur nous.

Plus que les gestes professionnels, il nous montre leur quotidien, leur sensibilité, leur savoir-faire, leur fierté. Il nous invite à porter, sur ces femmes et ces hommes, un regard franc, respectueux et sans tabous, discret, mais sans gêne ni pitié. A les considérer comme nos concitoyens et non comme les marginaux d’une société qui ne les reconnaît pas.

Leur insertion et leur intégration passent par cet Autre Regard.

ACAIS est une association gestionnaire de plusieurs établissements médico-sociaux. L’Esat de l’ACAIS est un des plus grands Établissements de services d’aide par le travail en France et certainement un des plus anciens. L’établissement accueille plus de 200 travailleurs présentant un handicap mental, dans le cadre du travail adapté.

“J’ai fait un stage en entreprise, mais ça ne s’est pas bien passé.
Je sais que j’ai un handicap pour l’enseignement et l’écriture. C’est quand je vois les erreurs que je fais dans le travail que je le réalise. Je suis nerveux et fais les choses trop rapidement. Il faut que je sois toujours en mouvement du matin au soir et par moments, cette suractivité aboutit à l’épuisement. Je comprends ce qu’il faut faire pour corriger ce handicap, mais je n’y arrive pas.

Quand on me voit, on pense que je suis comme tout le monde parce que mon handicap n’est pas physique et tout le temps que je ne fais rien, il n’est pas visible. Mais moi, je sais qu’il est en moi. Et c’est quand je suis dans une activité, à cause de mon énergie, que ce problème devient évident. Il est arrivé que quelqu’un me traite de raté à cause de mon attitude.

J’ai compris qu’il me faudra toujours de l’aide et un environnement de travail adapté, avec un moniteur. J’aime beaucoup la ferronnerie et je soude très bien, mais j’espère travailler dans les espaces verts. D’abord, ça se passe dehors et j’aime la nature, et puis, c’est physique, on bouge beaucoup et je me sens bien dans ces conditions.

Je suis suffisamment autonome pour occuper un appartement et en ville ça se passe bien sauf quand il y a trop de monde alors, là je stresse un peu. Le travail est rassurant, il va m’occuper pendant la semaine, me donner un salaire et il m’évitera de faire de bêtises.

Bien sûr, je trainerai toujours mes problèmes, mais j’espère être heureux plus tard”.

Un jeune de 19 ans en apprentissage / scolarité à l’Institut Médico Éducatif - Centre Jean Itard.

VETERANS - Les copains de 44

Photo n°20 du plan de PARCOURS

Livre disponible (contacter asso.3ptitspoints@gmail.com)

“Nous savons qu’ils étaient en Normandie en 1944 tous ceux que l’on appelle aujourd’hui Vétérans. Mais savons-nous qui était ce jeune de 18, 19 ou 20 ans ? D’où venait-il ? Quelles étaient ses motivations pour prendre part à cette fantastique épopée ? Quels étaient ses sentiments au moment de la Bataille de Normandie ? Quelles conséquences la guerre a-t-elle eu dans sa vie ? Qui êtes-vous ? C’est la question que j’ai posée à cent cinquante vétérans dans plusieurs pays. Question simple. Réponse difficile, car si, en groupe, ils affichent leurs décorations, modestie et pudeur les caractérisent au singulier. Vieux messieurs extraordinaires dont je ne soupçonnais pas, à ce point, la part de grandeur. Question simple qui oblige à se souvenir. Et les souvenirs, ils essaient de les oublier depuis soixante ans justement. Question simple pour réponse pleine de sensibilité, de douleur, parfois de sourires à l’évocation des copains si chers, et disparus. J’ai beaucoup écouté. Attendu que l’émotion veuille bien leur rendre leur voix. J’ai parfois attendu qu’ils arrêtent de pleurer à l’évocation de cette période qui a marqué leur vie à jamais. Je les ai photographiés, dans leur environnement quotidien et dans l’éclairage ambiant. Je n’ai rien monté pour qu’ils se montrent. Leur image, ils l’ont choisie. Avec mes copains de 44, j’ai appris que courage s’écrit au pluriel. Et ils m’ont dit que la guerre n’est pas belle !” - Régis Colin

Syd BENGREE (extrait) :
“Je voulais voir le Monde. Je pensais que c’était bien de porter l’uniforme, que cela allait attirer les filles. La première nuit, le repas était composé de morue froide et de gravy. Je me suis demandé ce que je faisais là. Trop tard pour m’échapper. C’était dur à supporter…”

William “Bill” MACGREGOR (extrait) :
“De par la nature de mon travail, je ne devais pas être mobilisé, mais j’ai pensé que cela pourrait être une expérience et je me suis engagé en Mai 43”

JACK “de Neef” de MOS (extraits) :
«Le 14 Mai 1940, une heure après que la Hollande ait déclaré la guerre, notre village a été mitraillé par les Allemands et mon meilleur copain a été tué. Il faut ajouter que les Allemands m’avaient déjà attrapé deux fois et copieusement tabassé… »
« Je me rappelle que le 6 juin, nous avons eu des pilules qui nous ont maintenus éveillés pendant trois jours et trois nuits »

Des habitants dans une ville qui se transforme…

Photos n°18 à 19 du plan de PARCOURS

Dans l’optique du festival “Femmes dans la Ville” 2007, un projet photographique s’est développé autour du centre social de la Brèche du Bois, avec Régis Colin, reporter photographe.

Initialement axé sur la transmission familiale dans le quartier sud-est de Cherbourg-Octeville, le travail de Régis Colin s’est ensuite étendu géographiquement et thématiquement, pour plus largement présenter « des habitants dans une ville qui se transforme.

Parallèlement à ce projet photographique, une dynamique a pu se développer avec des structures des quartiers Amont Quentin, Provinces et Sud-est, soucieuses d’écouter et de voir s’exprimer, les personnes qu’elles côtoient au quotidien… Ainsi, ateliers d’écriture, ateliers de dessin, paroles d’habitants, viennent ici illustrer le travail photographique de Régis Colin, qui a su saisir et accompagner des Cherbourgeois-Octevillais dans ce projet qui les immortalise.

Extraits :
“Je me souviens I‘Amont Quentin au début j’étais toujours partie je m’y plaisais pas, je faisais ménage et puis je partais… Et puis je m’y suis faite : la luminosité de la salle à manger, splendide, un paradis, le soleil entrait chez moi toute la journée, l’envie d’ouvrir la fenêtre, entendre les enfants jouer, pour moi c’était la vie”.

“Les appartements pas insonorisés j’aimais pas. De chambre en chambre, on entendait ce qui se passait chez le voisin d’à côté. Si on peut pas faire quelque chose sans que les voisins entendent, on n’a plus de vie privée”.

“A six heures, quand je me levais, ma première vision : le port de Cherbourg! Ça faisait moins Ioin pour mon marin qui allait à la pêche”.

“Il y avait des gamins partout, moi j’en avais quatre, de l’autre côté, il y en avait trois”.

“L’Amont Quentin, c’est mal réputé : la façade des immeubles, triste, les personnes qui y habitent, tristes, de mauvaises odeurs, des chiens sales, des locataires qui se disputent, des jeunes gens qui mettent le son de leur musique et de leur poste de télé à fond”.

“Un jour, j’ai appris bêtement par ma voisine que je devais partir. Je lui ai demandé si elle se foutait de moi. Je voulais pas déménager. Je l’ai mal pris. On était triste toutes les deux. La panique du déménagement. On était là depuis très longtemps. On se rendait service. Ca me manque”.

“C’est dur. Au bout de quarante-six ans, j’ai tous mes souvenirs. Tous les enfants ont fait leur communion ici, à la maison”.

“Je rêve qu’il y aura plus de couleurs sur les façades : jaune pâle, blanc. Je rêve qu’il y aura des enfants, des odeurs de fleurs, des roses, la senteur des sapins. Je rêve qu’il y aura de nouveaux pavillons prévus pour les handicapés. Et pour tout le monde : plus de joie”

“L’Amont Quentin deviendra un village. Comme dans tout village, il y aura une place. Cette place un lieu d’échanges, un lieu de jeux pour les enfants, de fête pour toutes les générations. Sur cette place, il y aura des fleurs et des arbres aux essences diverses”.

Tsiganes : du voyage à la sédentarisation

Photos n°21 à 26 du plan de PARCOURS

“Esprit du reportage. En choisissant le noir et blanc pour effectuer ce reportage, j’ai volontairement gommé l’exotisme qui caractérise cette population dans nos clichés de « gadgés ». Que retenons-nous du passage des gens du voyage si ce ne sont couleurs outrageusement criardes et un timbre de voix très haut perchée ? Ne nous apparaissent-ils pas comme des gens incontrôlables auxquels nous reprochons de n’être pas soumis aux mêmes contraintes que les nôtres ? Quel regard portons-nous sur ces individus d’apparence insouciante qui voyagent à longueur d’année alors que seuls les congés payés nous le permettent ? Ils ont payé et paient encore très cher leur droit à la différence. Considérés comme sous-race, ils ont été exterminés pendant la dernière guerre. Étiquetés comme asociaux, ils ont été sédentarisés de force par les régimes totalitaristes. Aujourd’hui, ils ne passent plus les frontières.
Ne pouvant me contenter de vérités assénées par le qu’en dira-t-on, je suis allé à leur rencontre.

Depuis 1977, je les ai trouvés ou retrouvés dans leurs terrains de camping qui n’ont pas pour noms « les mimosas » ou encore « les tamaris » mais décharges municipales ou stations d’épuration où le monde bien pensant les relègue.

Ne cherchez pas ces photographies dans le reportage. Je me refuse à colporter ces images qui portent atteinte à la dignité humaine. À montrer un état de fait, fruit du racisme ordinaire, d’une ségrégation sociale. J’ai découvert un tout autre monde. Un univers où l’enfant est roi et la famille, au centre de tout intérêt. Un monde de culture orale, avec les imprécisions qu’elle implique, la poésie qui va de paire avec ses longs récits. Un monde apte à saisir le progrès social et technologique, mais pour lequel le temps n’a pas valeur de sablier, et les distances ne sont pas répertoriées au système métrique.
Un monde de marginalisés, quelque fois volontaires, qui compte aussi ses brebis galeuses et ses intégristes. Comme dans notre société.

Bref, loin de l’exotisme des violons hongrois et des feux de camps le long de la rivière, j’ai rencontré des individus confrontés comme tout un chacun, aux dures réalités des crises économiques… et des chevaux qui n’auront bientôt plus que le bitume à brouter. J’ai volontairement occulté de mon reportage les caravaniers. Cette étape est pour moi, une phase intermédiaire entre la roulotte et la sédentarisation.

Je me suis attaché à montrer les derniers inconditionnels de la traction hippomobile à l’Ouest de l’Europe.
Ensuite, j’ai rencontré à l’Est ceux qui ont fait le dur apprentissage de la sédentarisation forcée. Les interdits de « la culture du voyage », les « déracinés de la roulotte». Qui dans ces conditions forment, et cela n’est pas une surprise, le quart monde des bidonvilles.
Une projection de ce que notre société occidentale réserve à nos voyageurs ?

Joseph Durville, manouche, vannier de Touraine. Amado, gitan, boxeur de Marseille. Mick, gipsy, sculpteur de pinces à linge à Appleby. Mama, tsigane Hola, grand-mère d’Also Szent ont tous un trait commun sur les photographies : la dignité.

Des clichés photographiques contre des clichés de l’imagination ?”
Régis Colin

Régis COLIN (1951 – 2015)

Reporter photographe indépendant et militant

“Photographe, j’aurais pu cadrer les paysages de la Basse-Normandie à laquelle je suis très attaché, promener mes boitiers de falaises en bocages et en fixer les couleurs spécifiques de ce compromis terre-mer.

Mais, une autre direction s’est naturellement imposée à ma quête d’images, une autre manière de refléter le caractère de ma région natale, en illustrant la vie de mes comtemporains. Un choix délibéré qui correspond peut-être à mon besoin de contact, à ma curiosité pour l’humain.
Images d’une vie quotidienne banale ? Certainement pas. Ordinaire ? Sans doute.

Je ne recherche pas l’exceptionnel. Mais je trouve toujours quelque chose de fantastique dans mes rencontres.
Est-ce le mobile « photo » qui me sert d’alibi pour vaincre une certaine retenue et aller au devant de l’autre ?
Est-ce frustrant de n’être que le témoin de tant de richesses humaines, culturelles, sociales, professionnelles ?
De tout résumer en quelques fractions de secondes dans une image arrêtée ? Dilemme du témoin face à l’acteur.
La réponse est en fait aussi simple que ma démarche. Elle se trouve dans l’accueil, réside dans l’intelligence des individus que je photographie.
Dans leur capacité à me faire partager leur expérience, leur quotidien comme… si j’étais un acteur.”

Ouvrages

  • Mer des hommes, éd. Les Cahiers culturels de la Manche, 1998
  • Ouvriers, éd. Paysages Humains, 2013
  • Un autre regard, éd. Paysages Humains, 2013
  • Vétérans 1944-2004, éd. Biplan Cherbourg, 2004
  • Des habitants dans une ville qui se transforme…, éd. L’atelier permanent du paysage de la ville de Cherbourg-Octeville, 2007
  • Tsigane, heureux si tu es libre (collectif), éd. Unesco mémoire des peuples, 1998
  • Énergies, éd. Biplan Cherbourg, 2001
  • Ecris… Voir ! photos de Régis Colin, textes de Véronique Delépine, éd. Paysages Humains, 2011

Contacter l’association 3 P’tits Points

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